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8 octobre 2013

L'adieu au tabac

Mue par un élan ô combien prometteur, je m'élance comme au premier matin du monde, pour un jogging en pleine cambrousse, et je ne puis m'empêcher au retours, de m'arrêter de fleurette en fleurette,  et les effleurer de mon blase pour humer leur délicat parfum... 
Cette course bucolique effrénée où je m'élance cheveux au vent, nez en avant, précède une visite gourmande au "Macaron doré", mon salon de thé préféré, et j'y commande, devinez quoi ? Et bien non... pas l'habituel café, mais  un royal chocolat viennois surmonté d'une mousse onctueuse s'il vous plaît, dont l'exquise saveur va venir chatouiller mes narines en cours de réjuvénation. Et puisque j'y suis, je me laisserais volontiers tenter par une de ces pâtisseries faussement aériennes... Mais non, la raison est  plus forte et je renonce...Je ferme les yeux pour mieux laisser mes papilles s'imprégner de ces effluves nirvanesques, et je savoure en toute simplicité ce moment de pure extase. Ah tous ces goûts de l'enfance, ces parfums de pain d'épice,de cannelle, de brioches, l'odeur de la terre humide en allant à l'école...
Oui... Respirons à plein poumons et répétons nous,  nouveaux ex-fumeurs, combien il est bon de ne plus sentir le tabac et de se débarrasser de son goût âcre, et combien les choses habituelles retrouvent alors une couleur nouvelle...
Fière de ces quatre semaines de victoire, je décide ensuite de me récompenser motiver encore, en passant par le "Monoprix" pour m'offrir quelques babioles avec les économies réalisées : laits parfumés pour le corps, gels douches, baumes aux noms gourmands évocateurs de plaisirs des sens, là encore le nez si longtemps maltraité est à l'honneur : figues de barbarie, fruits rouges glacés, mangues tropicales, pains d'épices, coco givrée, abricots et autres melons de pays lointains, je n'ai que l'embarras du choix, car tout vaut mieux que l'odeur peu séduisante d'un tabac froid...Encore quelques bonbons crémeux au caramel  soutenus par un assortiment de chewing gums en cas de situations critiques, puis un petit tours à ma toute nouvelle boutique préférée, celle des thés épicés et parfumés, et me voilà armée pour consolider mon divorce d'avec le tabac . Un des moyens mis en oeuvre étant, vous l'aurez compris, de miser à fond sur les sens olfactifs et gustatifs, les belles couleurs, et de visualiser la clope comme une tige puante et grise. Pour l'instant ça a l'air fonctionner...Et je me dis :
Cette fois sera la bonne, car je veux continuer ma ballade romantico-champêtre qui n'était au début qu'une mise en scène, boire de l'eau toute la journée, et m'étonner le soir du bon goût d'un verre de vin sans clope à l'apéro, m'en resservir un 2ème parce qu' on ne peut tout de même pas se priver de tout, alors parfois dans la foulée, je m'en sers derechef un petit 3ème, pour oublier que ça fait encore tout drôle de n'occuper qu'une seule main (celle qui tient le verre), et aussi pour m'habituer à ce que le temps s'écoule désormais d'une seule traite, sans pauses cigarettes (qui de toutes façons ne sentent pas bon, et donnent une haleine de fennec ).
Non, quand on arrête de fumer tout ne se passe pas comme dans un tableau idyllique,  mais je vous assure qu'à part les rêves de manque la nuit, l'appel de la nicotine au début, accompagné d'une curieuse  sensation d'être déboussolée, mêlée à l'euphorie  de se dépasser, et bien qu'affublée de nouvelles manies destinées à compenser cette inexprimable impression de marcher dans le vide sans béquilles, tout va. La preuve : j'ai commencé deux collections : les gels douches et les thés parfumés, tout va donc très bien !













1 commentaire:

  1. j'aime bien l'image de la main qui se relève de la chronique préhension de la tige malodorante

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